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Ionna Vautrin / IN THE AIR ///

La courbe tient une place centrale dans Comment trouvez-vous le juste équilibre
vos créations. Est-ce votre marque de entre un design industriel, parfois aca-
fabrique ? démique et votre goût pour le mélange des
Ionna Vautrin : C’est un rapport qui se cul- genres ?
tive. J’ai toujours dessiné des objets en I. V. : Je suis avant tout bretonne, et très
équilibre entre ligne et formes organiques. entêtée ! Les batailles sont ce qui donne
Parfois j’essaie d’avoir une approche plus leur personnalité à mes objets. Lorsque
radicale, d’envisager des formes anguleuses… j’ai conçu une lampe pour les TGV en
mais ce n’est pas moi. C’est important pour collaboration avec la SNCF, la question
moi de leur donner un aspect généreux de la fabrication et d’un usage très
et accueillant. Mes collections portent toutes intensif a posé de vraies contraintes.
des gènes communs, on peut dire qu’elles Y répondre sans mettre de côté l’esthétique
me ressemblent ! et la fantaisie du projet initial, c’est aussi
ce qui lui a fait prendre de la force.
Le beau de l’objet a-t-il une fonction
nécessaire ? Existe-t-il un objet en particulier que vous
I. V. : Lorsque je conçois, j’adopte une aimeriez rendre beau ?
démarche assez formaliste, proche de I. V. : Tout ce qu’on a envie de cacher
la sculpture. Avec mon travail, j'ai envie d'ordinaire : un radiateur, un chauffe-eau…
d’insuffler quelque chose de sympathique ces objets techniques qui n’ont pas encore
à mes objets, de leur faire raconter une vraiment la culture du design.
histoire et de donner envie de passer du
temps avec eux car ils nous accompagnent Quels sont vos prochains projets ?
au quotidien. À travers eux, j’ai à cœur I. V. : Deux collaborations rythmeront l'an-
de transmettre du sentiment, de rassurer. née 2020. Une collection capsule sera
Le design c’est aussi prendre soin de soi éditée chez Monoprix en septembre.
et des autres. Je collabore également avec les Ateliers
Emmaüs dans une optique d’économie
solidaire. J’ai dessiné toute une collection
de statuettes faites à partir de rebus de
menuiserie. 31 31

C’est d’abord par le toucher que la jeune designer franco-espagnole
éduque son rapport à l’objet. Après avoir repensé la chaussure du
XXI siècle dans les ateliers de Camper, puis collaboré avec l’illustre
e
George J. Sowden à Milan pour Moulinex ou Tefal, Ionna revient à
Paris et travaille pour les éditeurs parisiens Bouroullec.
Précoce, elle remporte le prestigieux Prix de la création de la ville
de Paris puis se lance à la tête de son propre studio de design après
avoir signé un coup de maître, puisqu’elle est l’auteur de la cultissime
Binic, véritable best-seller, panthéonisé depuis, au rayon des
luminaires.