Économiser l’eau potable est une préoccupation grandissante, que ce soit dans le cadre de l’obtention d’un label pour un bâtiment ou, plus généralement, dans un contexte de gestion de la ressource. Une robinetterie adaptée contribue à garantir la qualité sanitaire de l’eau et son usage durable.
Pour permettre aux prescripteurs et aux consommateurs de s’y retrouver parmi l’offre pléthorique de matériels, un système d’étiquetage simple et harmonisé au niveau européen devient indispensable. Diverses démarches sont entreprises par les fabricants de robinetterie dans ce sens.
Delabie envisage de son côté un label « maison » permettant de mettre en évidence les performances de ses produits, destinés à la collectivité.
Aujourd’hui, nombreux sont les maîtres d’ouvrage à souhaiter obtenir pour leur bâtiment un label garantissant un certain nombre de performances environnementales, tant dans les conditions de construction que dans le mode de fonctionnement du bâtiment. Destiné au logement, à un usage industriel ou au tertiaire, celui-ci voit sa valeur patrimoniale augmentée par un « estampillage de durabilité ». Si dans le contexte actuel de réchauffement climatique et de cherté de la ressource énergétique, une utilisation durable du bâtiment est avant tout synonyme d’économie d’énergie, une gestion économe de l’eau fait également partie des objectifs. Elle participe par ailleurs à réduire la facture énergétique en limitant l’énergie nécessaire au chauffage de l’eau (il faut environ 34 kW pour chauffer 1m³ d’eau).
Les labels les plus prisés, tels que les certifications « NF Ouvrage Démarche HQE® » (issue de la démarche de Haute Qualité Environnementale, en France), ou BREEAM (méthode d'évaluation de la performance environnementale des bâtiments développée au Royaume Uni), ou encore LEED (Leadership in Energy and Environmental Design, aux Etats Unis), prennent en compte la gestion de l’eau dans le bâtiment, et abordent notamment les questions d’économie d’eau potable. Cependant, ils ne sont pas particulièrement explicites concernant la consommation et la garantie sanitaire de cette eau, préconisant globalement un usage raisonné et hygiénique (Leed et Breeam considèrent l’économie d’eau comme un pré-requis à l’obtention de la certification et octroie des points en fonction du pourcentage d’économie réalisé par rapport à un calcul de base, tandis que HQE n’impose pas de travailler la cible gestion de l’eau). Libre au prescripteur de choisir des équipements sanitaires plus ou moins économes et adaptés à l’usage du bâtiment.
Vers une robinetterie labellisée
Parallèlement à ces labels destinés au bâtiment se sont développées dans différents pays, souvent à l’initiative des industriels, des démarches spécifiques à l’équipement sanitaire, ayant pour but d’aider au choix de matériels. Les plus avancées ont donné lieu à la création de marques. Ainsi, au Royaume Uni, le WEPLS (programme Water Efficient Product Labelling Scheme) a été lancé en 2010 par la BMA, Association de fabricants de produits sanitaires britannique. Il concerne aujourd’hui 12 catégories de produits et informe exclusivement sur la consommation en eau. Concernant les robinets, il classe les produits en 5 catégories (de « 4 l/min et moins », jusqu’à « plus de 10 l/min ») et indique le débit maximal de chacun dans les conditions d’installation du produit indiquées par le fabricant. Cette certification est volontaire.
Initiative plus récente, le WELL (Water Efficiency Label) a été créé en mars 2011 par EUnited Valves, l’association européenne des constructeurs de robinetteries, qui regroupe essentiellement des fabricants allemands. Ce système de classification permet aux professionnels et aux consommateurs d’évaluer la consommation en eau et en énergie des robinetteries sanitaires, et de comparer en recourant à un unique système de classification similaire à ceux utilisés pour les appareils électroménagers. WELL distingue la robinetterie domestique des robinets destinés au collectif, ces derniers étant évalués en fonction de leur débit, de la température et de la temporisation. Ils peuvent obtenir au plus 6 étoiles et sont classés de A à F (contre 4 étoiles au plus pour les robinets à usage domestiques, pour lesquels seuls le volume d’eau et la température sont évalués en classes de A à D). Chaque catégorie obtient au mieux deux étoiles (la note A correspond à 2 étoiles dans chacune). Ce label payant comporte un contrôle par un organisme tiers. En France est en cours d’étude un projet de classification NF des robinetteries et douchettes défendu par le CSTB.
Un besoin d’harmonisation
D’autres programmes sont en cours d’élaboration. Au niveau européen, un projet d’EU Ecolabel pour la robinetterie a été défini par la Commission européenne (Green public procurement), avec notamment des exigences concernant le débit minimal et maximal par catégorie d’équipement, le contrôle et la sécurité de la température, la temporisation d’écoulement (pour les robinets à fermeture automatique), les matériaux constituants, la qualité de fabrication et la durée de vie, la garantie et le suivi des pièces détachées, le packaging, et les informations au consommateur.
Créé en 1992, l’EU Ecolabel est le seul label écologique officiel européen utilisable dans tous les pays membres de l'Union Européenne. En France, il est délivré par AFNOR Certification, organisme certificateur indépendant. C’est une marque volontaire de certification. S’il s’appliquait à la robinetterie, ce label permettrait de répondre au besoin d’harmonisation et permettrait de distinguer les catégories domestique et publique, pour le plus grand intérêt des prescripteurs et des fabricants. Cependant, il n’est pas en passe de se concrétiser…
Beaucoup plus près d’aboutir, le projet European Water Label applicable aux robinets de lavabo, de cuisine, de douche ainsi qu'aux pommes de douche, a été lancé lors de la 12ème édition de la Green Week, à Bruxelles, fin mai 2012. Ce label relève lui aussi de l’auto-déclaration. Basé sur la consommation d’eau, il s’inspire de la démarche du WEPLS et se veut un outil simple pour informer les utilisateurs sur la consommation d’eau des robinets et douchettes, via une base de données complète des produits, indiquant le débit nominal et le classement en 5 catégories. Pas encore complètement défini, il pourrait faire l’objet d’une vérification annuelle des performances, par un organisme tiers, sur 5 % des produits enregistrés. Cet étiquetage des produits devrait être applicable d’ici la fin de l’année 2012. Actuellement, ce système ne prévoit pas de catégorie particulière pour les robinetteries de collectivités, ce qui ne satisfait pas les fabricants spécialisés dans ce secteur.
Promouvoir les atouts de la robinetterie de collectivité
Les labels liés au bâtiment (HQE, BREEAM, LEED, …) ne mettent pas, eux non plus, l’accent sur la nécessité de recourir à des robinets de collectivités performants pour répondre aux mieux aux exigences des ERP qu’ils certifient. L’intérêt des fabricants est de trouver un moyen fiable et généralisable à tous les pays d’Europe de souligner les atouts de la robinetterie de collectivité, plus performante que la robinetterie domestique en termes de consommation d’eau, et donc également en termes d’énergie dépensée pour l’eau chaude. Elle apporte en effet des garanties de fiabilité, de simplicité d’entretien, et d’hygiène (lutte contre la prolifération bactérienne), notamment, qu’il s’agit de promouvoir. Certains modèles chez DELABIE consomment par exemple jusqu'à 90 % d’eau en moins qu’un robinet domestique « classique », et présentent en outre des caractéristiques exclusives en matière de lutte contre les bactéries : rinçage périodique, corps lisse à l’intérieur, système déclipsable, etc.
Un étiquetage européen volontaire, agréé par la Commission Européenne, avec des catégories «domestique » et « collectivité » permettrait d’éviter la multiplication de certifications coûteuses, difficiles à gérer, et contribuant à brouiller le paysage de l’offre pour le consommateur. Dans l’état actuel des choses, le Waterlabel du CEIR ne prévoit pas de catégorie «collectivités / ERP » spécifique aux robinetteries de collectivités permettant de mettre en valeur les spécificités de ces produits. Seul le WELL intègre cette spécificité, mais adopter le seul WELL ne permet pas à l’heure actuelle d’être reconnu dans d’autres pays que l’Allemagne, la Suisse, et le Bénélux. Du point de vue de Delabie, exportateur en Allemagne comme en Grande Bretagne, une catégorie « collectivité » est indispensable pour compléter le Waterlabel. L’alternative reste la création d’un label propre à la marque, mettant en valeur les caractéristiques spécifiquement requises au niveau des robinetteries sanitaires pour assurer les meilleures performances possibles dans les ERP.